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La prison cachée derrière nos routines

23 mars 2025

Tous les matins, je me réveille en connaissant scrupuleusement le déroulé de ma journée.

À 6h30, je prends mon thé dans la même tasse.

À 9h15, je pars travailler en empruntant le même chemin.

En arrivant, je croise les mêmes visages.

Puis, je m’assieds au même bureau.

Cette routine quotidienne me donne l’impression d’avoir le contrôle.

J’ai longtemps considéré cela comme une liberté.

Cependant, la science révèle un paradoxe fascinant.

Notre cerveau est programmé pour nous piéger.

Les neuroscientifiques ont un terme pour ça : l’homéostasie psychologique.

Une tendance naturelle à rechercher un état d’équilibre, même si ce dernier nous enferme.

Je pense choisir, mais mon cerveau a déjà décidé à ma place.

On préfère l’économie d’énergie à l’exploration de nouveaux territoires.

C’est ce qu’on appelle plus communément notre zone de confort.

Les routines créent des autoroutes neuronales si bien tracées qu’il devient presque impossible de s’en écarter.

La somme de toutes ces habitudes s’ancre profondément dans nos lobes frontaux.

Plus nous les répétons, plus elles deviennent automatiques.

Je me retrouve à faire les mêmes choses jour après jour, comme un hamster dans sa roue.

Je l’ai vécu avec cette newsletter.

Pendant des mois, j’ai suivi le même format, les mêmes thèmes, la même structure.

C’était rassurant.

Les retours étaient bons, alors pourquoi changer ?

Un jour, j’ai compris que ce système m’ennuyait.

Ce qui me paraissait être une liberté d’expression n’était qu’une cage que je m’étais construite.

Le neurologue David Eagleman compare notre cerveau à un conseil d’administration, où différentes facettes de nous-mêmes se battent pour prendre le contrôle.

Et devine qui gagne ?

La partie qui promet le confort immédiat.

J’ai observé ce phénomène chez des amis artistes.

Ils commencent avec une passion dévorante, et dès qu’ils trouvent une formule qui fonctionne, ils s’y accrochent.

Leur style devient une signature, mais également leur prison.

Ce qui était autrefois un acte de libération devient la chaîne qu’ils n’osent plus briser.

La science explique ce paradoxe par notre aversion à la perte.

L’incertitude active les mêmes zones cérébrales que la douleur physique.

C’est pourquoi nous préférons souvent rester dans des situations médiocres mais connues, plutôt que de risquer l’inconnu.

La vraie liberté demande que nous acceptions l’inconfort comme le prix à payer pour grandir.

Je repense à cette métaphore du philosophe Nietzsche qui disait qu’avant de devenir papillon, la chenille devait accepter la chrysalide.

Cette phase est inconfortable, mais elle est la seule condition permettant d’accéder à la transformation.

Publié dans Blog